[Interview] Projet Evolutive Learning Factory

        Interview d’Emmanuelle Abisset-Chavanne –  Chercheuse à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers

Présentation du Projet Evolutive Learning Factory               

Présentation d’Emmanuelle Abisset-Chavanne et du projet :

Le projet « Evolutive Learning Factory » (ELF) est un projet d’établissement de l’École Nationale des Arts et Métiers (Ensam ; école d’ingénieur). Lancé en 2022, il est porté par la direction générale et toutes les directions locales (8 campus répartis sur le territoire national, dont un à Bordeaux).

Emmanuelle Abisset-Chavanne est enseignante-chercheuse sur le campus Bordelais et membre du R3 NumEd. Elle est la correspondante locale du projet ELF sur le campus néo-Aquitain. Elle fait également partie du comité national ELF qui a pour mission d’animer et coordoner le déploiement des ELF sur les différents campus.

 Pouvez vous nous décrire le projet « Evolutive Learning Factory » :

Une des particularités de l’Ensam est que son enseignement et sa recherche se basent sur des plateformes technologiques à l’échelle industrielle permettant aux apprenants de se confronter aux systèmes et problématiques qu’ils rencontreront dans leur vie professionnelle.

Le projet ELF à trois objectifs principaux :

1. Moderniser et transformer ces plateformes technologiques en Usine Ecole connectée, soutenable et responsable sur chaque campus.
2. Décloisonner les activités pédagogiques et développer de nouvelles pratiques pédagogiques axées sur les technologies 4.0 et la techno-diversité des 4 scénarios Transition Neutralité Carbone de l’ADEME.
3. Accompagner les personnels dans leur montée en nouvelles compétences et dans l’adaptation à des modes de travail différents.

Afin d’atteindre ces objectifs, le projet s’est doté d’un copil national qui a défini un cahier des charges permettant de structurer les actions et les objectifs opérationnels du projet. Chaque campus s’est ensuite doté d’un comité de pilotage (COPIL) local qui permet de structurer les initiatives et d’adapter le projet à l’écosystème local.

Le projet porte notamment sur le développement de nouvelles pratiques pédagogiques axées sur les technologies 4.0 ? Pouvez-vous nous expliquer ce que sont ces technologies ?

Les technologies 4.0 sont les technologies digitales « intelligentes » qui sont intégrées dans la production et les processus indutriels pour construire ce que l’on a appelé l’indutrie du futur. Cela englobe les technologies comme l’IOT industriel (Industrial Internet of Things), le big Data, l’IA, La Réalité Augmentée et Virtuelle, la robotique et cobotique intelligentes (collaboration homme-robot) ou la Fabrication Additive (processus de fabrication qui repose sur la superposition de fines couches de matière, une par une).

Dans le cadre des ELF, l’objectif est donc d’intégrer ces technologies dans notre pédagogie, que ce soit comme objet du cours ou comme outil pédagogique. Les jumeaux numériques sont un bon exemple de cette dualité objet / outils d’apprentissage.

On parle beaucoup de l’utilisation de la réalité virtuelle et des jumeaux numériques. En quoi ces technologies pourraient être utiles à l’enseignement ?

Concernant ces technologies, l’Ensam est impliqué dans un projet France 2030 Jenii (Jumeau d’Enseignement Numérique Immersif et Interactif) qui a pour objectif d’apporter des réponses sur les avantages et les possibilités que pourraient apporter ces technologies dans nos enseignements.

La modernisation et la digitalisation de nos plateformes permet également d’introduire dans ces jumeaux la connectivités avec le réel ce qui est indéniablement un plus dans l’apprentissage. Nous nous intéressons également aux limites de ces technologies pour l’apprentissage, par exemple pour les gestes métiers fins.

Quelles sont les nouvelles pratiques pédagogiques développées / en cours de développement grâce à ces technologies 4.0 ?

Le projet a débuté en 2022. Il a commencé par une phase d’investissement pour doter les différents campus de ces technologies. Aujourd’hui, un gros travail de mise en commun des pratiques pédagogiques et de projet d’utilisation est en cours, permettant d’identifier les compétences, les retex de premières expérimentations etc pour un déploiement de plus grande envergure.

En particuler, on peut citer la mise en place d’enseignements immersifs via des projets comme Jenii, le développement d’approche projet pluridisciplinaires couvrant le cycle de vie d’un produit manufacturé, l’introduction de l’utilisation des IA génératives pour l’enseignement.

Le projet propose également un accompagnement des personnels dans l’utilisation de ces nouveaux outils. Quels sont les actions réalisées en ce sens ?

Aujourd’hui, tout le monde se rend compte de la rapidité avec laquelle les nouvelles technologies se déploient, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Au delà des enseignements aux étudiants, il est donc indispensable d’accompagner les personnels de l’établissement dans la prise en main de ces nouveaux outils. Pour cela, des formations sont créées en internes à destination des personnels sur ces technologies allant de la sensibilisation à l’utilisation et au développement. On s’appuie également sur des projets CMA (Compétences et Métiers d’Avenir), comme le projet CAIRE (Citizen-oriented Artificial Intelligence training for a Responsible Education), qui va permettre le développement d’une formation autour de l’IA/ l’IA générative qui sera largement déployée au sein des campus.

Dans le cadres des ELF, la participation à ces formations est largement encouragée à travers des tag spécifiques dans le catalogue de formation, des communications aux niveaux local et national.